À propos de la communauté de pratique nationale sur l’approvisionnement plus sécuritaire

La communauté de pratique nationale sur l’approvisionnement plus sécuritaire (CdPN-APS)

Overdose deaths are preventable
"Overdose deaths are preventable" par millie schulz

est une nouvelle initiative d’échange de connaissances dirigée par le London InterCommunity Health Centre (LIHC), en partenariat avec l’Association canadienne des personnes qui utilisent des drogues (ACPUD), l'Ontario Aboriginal HIV/AIDS Strategy, et l’Alliance pour des communautés en santé (AHC). L’objectif est de multiplier les programmes d’approvisionnement plus sécuritaire partout au Canada.

Cette communauté de pratique a été créée dans le but d’aider les professionnel·le·s de la santé et des services sociaux à fournir de meilleurs soins aux personnes qui consomment des opioïdes et qui sont à risque de faire une surdose. Le besoin d’un approvisionnement plus sécuritaire augmente sans cesse et cette communauté de pratique servira de ressource pour les personnes qui souhaitent apprendre comment fournir des soins dans ce cadre. Toutefois, cette communauté n’est pas un espace d’enseignement, mais plutôt un espace où les professionnel·le·s de la santé et des services sociaux et les personnes ayant une expérience vécue échangent de l’information, notamment des expériences cliniques et opérationnelles et des points de vue d’usagers·ères.

Notre travail repose sur une approche anti-oppressive et antiraciste et s’appuie sur les valeurs fondamentales de dignité, d’inclusion, de communauté, de justice sociale, de courage, de persévérance et d’espoir.

Impliquez-vous!

Qu'est-ce qu'un approvisionnement plus sécuritaire ?

En 2020, Santé Canada a commencé à financer des programmes d’approvisionnement plus sécuritaire à titre d’approche pour répondre à la crise de toxicité des drogues.

L’approvisionnement plus sécuritaire est une approche de santé publique axée sur la réduction des méfaits qui consiste à fournir des drogues pharmaceutiques dont la puissance et la qualité sont connues aux adultes qui consomment des drogues illicites et qui sont à risque élevé de surdose et d’autres méfaits. Les revendications en faveur d’un approvisionnement plus sécuritaire en drogues ne sont pas nouvelles et plusieurs professionnel·le·s de la santé s’impliquent depuis longtemps dans cette cause.

Il existe différents modèles d’approvisionnement plus sécuritaire. Un modèle médical se fonde sur la capacité des membres d’une profession de la santé réglementée à prescrire des drogues pharmaceutiques. Il comprend les programmes TAOi (traitement par agonistes opioïdes injectables), TAOic (traitement par agonistes opioïdes injectables en comprimé), les distributrices automatiques et la distribution quotidienne de comprimés. Un modèle médical peut prendre diverses formes, en mettant par exemple l’accent sur le « traitement » ou la « réduction des méfaits ».

Pour plus d’informations sur les différents modèles qui existent, veuillez consulter le document conceptuel sur l’approvisionnement plus sécuritaire de l’ACPUD.

Pourquoi parle-t-on d’approvisionnement plus sécuritaire?

Vous aurez peut-être remarqué que nous utilisons l’expression « approvisionnement plus sécuritaire » et non « approvisionnement sécuritaire ». Notre décision s’explique par plusieurs raisons.

Tout d’abord, les approches médicalisées actuelles ne sont pas tout à fait sécuritaires, car les directives et les politiques des programmes en place (y compris les doses et les protocoles) ne répondent pas adéquatement aux besoins exprimés par les personnes utilisatrices de drogues qui font appel à ces programmes. Puisque les directives ne permettent pas de répondre à leurs besoins, les personnes doivent se tourner vers l’offre de drogues toxiques pour pouvoir se sentir bien, ce qui les expose toutefois à un risque d’intoxication et de surdose. Le terme « approvisionnement sécuritaire » a été inventé par des groupes de défense des personnes qui utilisent des drogues, mais le modèle médicalisé actuel ne correspond tout simplement pas à leur vision et à leurs demandes initiales.

De plus, Santé Canada et de nombreux programmes offrant la prescription d’hydromorphone utilisent l’appellation « approvisionnement plus sécuritaire » puisque la consommation d’opioïdes comporte toujours des risques et ne peut donc pas être qualifiée de « sécuritaire ». Le terme permet également de souligner qu’une substance dont la qualité, la composition et la puissance sont connues est plus sécuritaire qu’une substance du marché non réglementé achetée dans la rue.

Les principes directeurs de l’approvisionnement plus sécuritaire

Les personnes qui consomment des drogues sont des expertes en la matière

Les personnes qui consomment des drogues connaissent bien la culture de la consommation de drogues ainsi que leurs propres aspirations et besoins. La collaboration est essentielle à l’élaboration de programmes et de stratégies efficaces pour lutter contre la crise des surdoses. Leur expertise devrait guider l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes d’approvisionnement plus sécuritaire.

Une approche de soins dirigée par les participant·e·s et centrée sur les participant·e·s

Le programme aidera les personnes à atteindre leurs objectifs actuels en matière de consommation de drogues, et ce, de la manière la plus sécuritaire possible. Notre but est de fournir des soins de santé équitables et empreints de compassion aux personnes qui consomment des drogues.

La réduction des méfaits

Le programme reconnaît que les méfaits liés à la consommation de drogues proviennent de plusieurs sources, notamment de la criminalisation. Il cherche à atténuer certains de ces méfaits en assurant un approvisionnement plus sécuritaire. Les clinicien·ne·s respecteront l’autonomie et les choix des personnes en matière de consommation de drogues et d’accès aux soins.

Les soins à bas seuil d’accessibilité

Le programme se veut le plus accessible possible. Les clinicien·ne·s s’efforceront de répondre aux besoins des participant·e·s et de leur garantir l’accès aux soins en misant sur la flexibilité, la résolution de problèmes et la collaboration.

Une approche non punitive

Les doses ou les évaluations manquées ou la reprise de la consommation de drogues illicites seront abordées par le dialogue et le soutien et n’entraîneront pas le renvoi du programme.

Promouvoir l’approvisionnement plus sécuritaire

La CdPN-APS et ses membres privilégient un modèle médical axé sur la réduction des méfaits, car il est plus facile de l’étendre rapidement pour répondre à la crise de toxicité des drogues dans le contexte législatif actuel. Des tensions intrinsèques entre la réduction des méfaits et un modèle médical posent certains défis, mais ensemble, nous nous efforçons de promouvoir un modèle médical axé sur l’usager·ère et à bas seuil d’accessibilité, qui considère les personnes qui consomment des drogues comme des expertes et qui leur donne l’occasion d’être des leaders et de fournir des services. Nous nous engageons à soutenir et à défendre les modèles non médicaux, la décriminalisation et la réglementation des drogues.

Reconnaissance territoriale

Cette communauté de pratique rassemble des personnes de toute l’île de la Tortue, vivant sur des terres cédées par des traités et sur des territoires non cédés. Nous travaillons dans un secteur dont l’objectif est d’aborder les préjugés sociaux, et nous devons reconnaître que la production de ces préjugés provient de l’histoire du colonialisme et de ses pratiques, institutions et modes de pensée qui persistent encore aujourd’hui. Le colonialisme est encore présent, et nous devons nous efforcer de remodeler ces institutions et ces pratiques pour réparer les méfaits et prévenir les dommages futurs, et ce, afin de créer un avenir plus inclusif et plus juste.